Ma Petite Histoire

Il était une fois, une jeune fille prénommée Sandrine, qui vécut une enfance et une adolescence heureuse, sans le moindre problème de santé.
Cette jeune fille était très mince, voire maigre: 1m80 pour 60 kg à 18 ans.



Comme par hasard, l'année de ses 18 ans, donc le moment où elle passe son bac, elle se met à prendre du poids; elle pense d'abord que cela est dû au fait qu'elle mange n'importe quoi. L'examen approchant et le stress aidant, elle ne prend pas le temps de manger correctement et passe son temps à grignoter des cochonneries.

Au bout de quelques mois, elle prend 3 ou 4 kg...Aucun problème, elle se trouvait trop maigre, donc quelques kilos en plus ne lui feraient pas de mal.

A la fin de l'année scolaire, Sandrine prend une dizaine de kilos; elle trouve ça un peu bizarre, elle parle autour d'elle, mais personne ne s'en inquiète...sauf son médecin.

Elle ne se pose pas de question; à plus de 80 kg, elle se sent féminine, bien dans sa peau...

Le souci, c'est que son médecin soupçonne une maladie thyroïdienne et lui fait passer des examens.

Bingo! Une hypothyroïdie!
cry

Elle doit donc commencer un traitement pour limiter les dégâts...un traitement qu'elle est censée prendre jusqu'à la fin de sa vie.
Elle commence par de petites doses, qui seront augmentées au fur et à mesure...
Elle fait aussi un peu de sport, elle s'inscrit dans une salle de fitness.

Allez savoir pourquoi, elle ne maigrit pas pour autant et continue à grossir, même avec une meilleure alimentation.

Elle prend les choses en main quand elle approche les 100 kg
, même si physiquement elle cache bien son poids, elle se sent très mal dans sa peau.
Surtout qu'à cette époque, elle vit avec une personne vraiment néfaste pour elle, qui ne l'aide pas vraiment à aller mieux.


Elle commence donc une série de régimes, hyperprotéinés ou non...Au total, elle a dû perdre une trentaine de kilos, pour en reprendre plus du double: la descente aux enfers commence alors pour elle...

L'homme qui partage sa vie est odieux, elle finit par se débarrasser de lui (rassurez-vous, elle ne l'a pas tué, elle l'a juste mis à la porte
wink)

Une fois seule, au lieu de continuer de se prendre en main, Sandrine se laisse aller donc les kilos envolés reviennent, tout doucement.

Elle décide quand même de réagir et de faire de la danse (orientale et hip-hop).
Son poids se stabilise, mais dans sa vie, rien ne va comme elle veut, aussi bien professionnellement que dans sa vie privée...elle essaie de se maintenir tant bien que mal, mais c'est trop difficile, elle abandonne.

Au bout d'un moment, elle en a assez et ne fait plus attention à son poids; elle se nourrit n'importe comment et ne fait plus de danse.

Sa vie sentimentale est tellement vide, elle repense encore à celui qui lui a fait tant de mal...en fait, elle ne l'avait jamais oublié.

Elle commence à se lasser de tout, à s'isoler...elle devient de moins en moins sociable, de plus en plus irritable, elle pleure tout le temps, elle pense même à revoir ce crétin...elle fait tout pour que son entourage ne voit rien, mais ce n'est pas facile tous les jours.

Son médecin traitant, le Dr R.la trouve fragile psychologiquement et la met sous antidépresseurs.
Elle lui propose, sachant que son poids la gène énormément (elle a dépassé les 140 kg), de passer une semaine ou deux dans une clinique spécialisée dans l'obésité et lui conseille d'aller voir une psy qu'elle connait . Elle ne veut pas y aller, prétextant que c'est trop loin pour elle...


Elle commence à penser aux chirurgies bariatriques, mais ne se sent pas du tout le courage de sauter le pas.

Un jour, elle se décide quand même à prendre rendez-vous à la clinique, pour une consultation avec une nutritionniste, le Dr B.; tout se passe très bien, elle y reste même une semaine où elle réussit à perdre quelques kilos.
Elle a été motivée un bon moment, mais un jour, plus rien ne va...

S'enfonçant dans la dépression, Sandrine craque un jour lors d'une visite chez le Dr B.; celle-ci prend les choses en main, fait une lettre qu'elle doit remettre à la généraliste.
Arrêt de travail d'un mois et demi environ, augmentation de la dose d'antidépresseurs...la dépression est bien là!
Le poids ne bouge plus, même sans qu'elle s'alimente énormément, elle n'a pas d'appétit.
Elle n'a plus le choix, elle doit aller consulter la psy Mme P.

Cette dernière l'aide à bien remonter la pente; et Mademoiselle décide de se prendre en main.
La perspective des chirurgies bariatriques ne l'effraie plus, vu le poids qu'elle a atteint et l'impact sur son moral, il fallait faire quelque chose.

Lors de sa prochaine visite chez le Dr B., elle lui parle de tout celà; celle-ci lui donne les trois principaux choix qui s'offrent à elle: Anneau gastrique, Sleeve ou Bypass...

La machine est lancée, la grande aventure peut commencer
mrgreen

Tout Commence Par Là

Retour à la réalité...

Lors de ma dernière consultation, le Dr B. prend l'initiative de me faire hospitaliser, avec bien sur mon accord, pour faire toute une série d'examens. Il s'agit là de vérifier que je suis bien "opérable".

Au mois de mai de cette année, je profite d'une semaine de congés pour passer trois jours à la clinique. J'ai eu plusieurs consultations:
  • Endocrinologie: j'ai passé une échographie de la thyroïde, elle est tout à fait normale: aspect normal, pas de nodules.
  • Bilans sanguin et urinaire complets: numération globulaire, glycémie, HIV, cholestérol, etc.: tout est ok.
  • Cardiologie: électrocardiogramme normal.
  • Gastroentérologie: une fibroscopie est à faire (la mienne avait déjà été réalisée quelques mois plus tôt), échographie abdominale normale.
  • Pneumologie: étude des fonctions respiratoires: pas d'apnée du sommeil
  • Phlébologue: écho-doppler des jambes: tout est normal
  • Psychologie: le psy de la clinique n'est pas terrible, heureusement, la mienne est top.
  • O.R.L.: recherche de foyers infectieux négative
  • T.O.G.D.: examen satisfaisant.
  • Chirurgie: le rdv avec le chirurgien, le Dr Cl., était à mes yeux le plus important; c'est lui qui allait décider de l'opération qui me convenait le mieux.
Nous avons discuté pendant presque une heure et demie. Il m'a expliqué en détail ce qu'impliquait chaque méthode. Il a calculé mon IMC (Indice de Masse Corporelle) qui est de 44,8. Cela correspond au calcul suivant: IMC=Poids(en kg)/ Taille (en m²).
A la fin de notre entretien, je choisis la Sleeve Gastrectomie, il est plutôt d'accord; il est persuadé que l'anneau gastrique n'est pas fait pour moi, je ne peux que l'approuver. Je ne me voyais absolument pas avec un machin en plastique autour de l'estomac, relié à un boitier placé sous ma peau!

Il me laisse un mois pour réfléchir, en attendant, je continue mes consultations chez la psy et la nutritionniste, qui me remet le compte rendu de mon hospitalisation; tout est positif, si je suis toujours d'accord, je peux me faire opérer!

Voici un lien vers un site, qui explique ce qu'est une sleeve: http://www.chirurgie-digestive.com/index.php?fiche=53&sommaire=2


Fin juin, j'ai rendez-vous avec le Dr Cl. qui me confirme son accord pour la sleeve; nous la prévoyons donc pour le 30 septembre!

En attendant, j'ai changé de mutuelle, parce que celle que j'avais n'était pas avantageuse du tout pour une hospitalisation dans un hôpital privé.

J'ai aussi tenté de me préparer psychologiquement, en prenant renseignements et conseils sur le site: http://gastroplastie.com/
J'ai pu discuter avec des personnes qui ont aussi été opérées par le Dr Cl. Ces témoignages m'ont bien rassurées, je savais que je serai entre de bonnes mains.
Ce chirurgien est très gentil, il fait tout pour rassurer les patients et répondre à toutes leurs questions. Il est passionné par son métier, ça se voit; il peut en parler pendant des heures et des heures.

Le 2 septembre, j'ai rendez-vous avec l'anesthésiste, le Dr L.
Très sympathique, très speed, très efficace. Il répond aux dernières questions que je me posais, et tente de me rassurer car il voit bien que je suis stressée.

Quatre jours avant l'intervention, je dois faire un "régime yaourt", pour préparer l'opération.
Je ne dois manger que des yaourts nature O%, et un bouillon de légumes le soir.
Cela absorbera les graisses du foie et lui permettra de rétrécir au maximum. Le chirurgien aura alors toute la place nécessaire pour travailler correctement.

Arrivée à l'Hôpital

29 septembre 2008, date très importante pour moi.

C'est le jour où je rentre à l'hôpital (H.P.V.Y.).
J'arrive vers 16h, je suis accueillie par une jeune femme très sympa.
Comme par hasard, la prise en charge de la mutuelle n'est pas arrivée, donc je ne peux pas avoir ma chambre.

Elle me dit ne de pas m'inquiéter, qu'elle appelle elle-même la mutuelle pour qu'on lui faxe ce document...elle tombe sur un abruti qui lui certifie que la prise en charge ne sera mise en place qu'après avoir renvoyé un certain document, qui doit être validé par le médecin-conseil...Comme si ça se passait comme ça! Pourquoi les imbéciles aiment-ils afficher avec fierté l'étendue de leur ignorance?...

Bref, j'étais en boule, et j'appelle moi-même; je tombe sur une dame compétente qui me dit qu'elle peut me faxer la prise en charge dans les minutes qui suivent...

On attend encore quelques minutes, le temps que je remplisse un chèque de caution et que je discute un peu avec mon frère et ma soeur qui m'avaient accompagnée. La prise en charge arrive enfin, on m'attribue une chambre et c'est parti, une aide-soignante vient me chercher...

Dans l'ascenseur, j'ai le cœur qui bat; je me dis: "demain matin, tu passes sur le billard, ça y est, tu ne peux plus reculer!" J'étais vraiment stressée.
confused

Arrivée dans ma chambre (j'ai demandé une chambre particulière, je veux souffrir tranquille dans mon coin après l'opération
lol), l'aide-soignante me pose les questions d'usage:
  • Avez-vous des prothèses?
  • Faites-vous des allergies?
  • Êtes-vous rasée? eek cette question m'a laissée perplexe!
Apparemment, elle ne parlait pas seulement de la zone pubienne!
Ensuite elle me demande si je veux la tondeuse...elle a remarqué que je ne ressemble pas au yéti??? Elle a surement cru que j'avais des poils sur la poitrine et le ventre? Enfin bref, elle nous a bien fait rire.

Une fois qu'elle est partie, une de ses collègues vient pour me peser: 145kg. J'ai perdu 2kg suite au régime yaourt.

Après la pesée, la saignée!
Un laborantin vient me faire une prise de sang; il est tellement jeune, j'ai bien failli lui demander s'il était majeur!
lol
Le principal est qu'il a réussi à trouver ma veine du premier coup, chose très difficile chez moi.

Après lui, vient l'anesthésiste, le Dr L. Il est venu s'assurer que je n'avais pas de questions de dernière minute et me donner les dernières consignes:
  • ne rien rien absorber après minuit (attention, je ne suis pas un Gremlins mrgreen)
  • penser à retirer les piercings et les bijoux
  • ne pas boire avant l'opération, à part l'eau qui servira à la prémédication...
Il m'a dit: "Tu verras, tout se passera exactement comme je le décris".
Mine de rien, il a réussi à me rassurer.

Quelques minutes après, mon repas arrive, un vrai festin de roi! deux yaourts!
On m'a donné du sucre aussi, mais je n'y ai pas touché...

Le soir venu, douche à la Bétadine, y compris les cheveux. Ça fait bizarre de se doucher entièrement avec ce produit qui donne une odeur corporelle très spéciale, une fois sec.

Au coucher, l'infirmière me donne un demi comprimé d'Atarax, histoire que je puisse dormir et que je ne stresse pas trop.
J'étais assez fatiguée, donc je n'ai pas eu de mal à m'endormir.

Le Jour J

30 septembre 2008

On y est, je vais passer sur le billard!
cry
L'infirmière passe me réveiller vers 6h30; re-douche à la Bétadine puis habillage pour la circonstance: charlotte sur la tête, blouse ouverte à l'arrière (très sexy-chocolat!lol ) et surchaussures.
En attendant qu'on vienne me chercher pour m'emmener au bloc, je me suis allongée et commençai déjà à somnoler. Un brancardier pas très sympathique arrive une demi-heure plus tard; je m'allonge sur le brancard et c'est parti!

Je vois rapidement le chirurgien avant d'entrer au bloc, on discute deux minutes.

Quelques minutes plus tard, on me fait entrer dans la salle de torture: il y fait froid!
L'anesthésiste, le Dr L. me demande si j'ai amené les bas anti-thrombose prescrits par le Dr Cl; je les avais oubliés dans mon sac; il demande alors au brancardier d'aller les chercher.
L'infirmière me les met, alors que je suis à moitié en train de comater.

On me met sur une espèce de matelas chauffant, ça fait du bien!
Le Dr L. me pose une perf et me met un masque à oxygène sur le nez. Je me sens mal, le masque me fait suffoquer, je panique, je secoue la tête pour qu'il me le retire... il me rassure, me dit de respirer doucement, que tout va bien...j'entends même une infirmière qui se propose de tenir le masque. Elle le fait et c'est tout ce dont je me souviens.

Le Réveil

C'était horrible!

J'ouvre les yeux, je ne sais pas si l'opération a eu lieu ou pas...je suis entre le rêve et la réalité.
Je vois des gens passer devant moi et là, je me dis: "et m...., c'est arrivé!"
J'essaie d'ouvrir un peu plus les yeux, je n'y arrive pas. Mes paupières semblent peser quinze tonnes chacune!

Je n'avais pas de masque, tant mieux, j'aurai encore paniqué. En revanche, j'ai bien la sonde naso-gastrique que je redoutais tant...elle est difficile à supporter au début, après on s'y fait.
J'avais un petit objet dans la bouche, dont je ne connais pas le nom; je suppose que c'est censé m'empêcher d'avaler ma langue...

Je voyais encore des gens s'agiter autour de moi, j'avais froid; j'ai beaucoup tremblé à un moment donné, mais pas à cause du froid, je pense surtout que c'était dû à cet espèce d'état second dans lequel j'étais...j'avais tellement peur!

J'ouvre un peu plus les yeux, je vois au loin l'anesthésiste, le Dr L.; je ne sais pas pourquoi, je commence à lever la tête comme pour essayer de me lever...Il arrive vite pour me rassurer et me dire que tout va bien.

Je sens cette satanée sonde qui me fait un peu mal au nez et à la gorge. La déglutition était bizarre...je la sens qui se balade dans mon larynx...beurk!

Je ne sais pas quand, le brancardier me ramène dans ma chambre...sur le chemin, il me demande si je suis bien dans la 117...il m'aurait dit 456, j'aurai dit oui aussi!

Retour En Chambre

De retour au bercail, le personnel soignant s'assure que je suis bien consciente et s'affaire à prendre mes constantes ( tension, saturation, température) toutes les heures ou peut-être toutes les demi-heures, je ne sais plus.

Je commence peu à peu à reprendre mes esprits, j'arrive un peu parler, du coup je peux répondre comme je peux aux questions des infirmières.
Elles me demandent à chaque fois si j'ai mal et si c'est les cas, quelle note je donnerai à la douleur sur une échelle allant de 1 à 10.

Ce qui est difficile à ce moment là, c'est que je ne peux pas me lever, je dois donc demander le bassin! Horreur! Je l'ai fait deux fois, à contre-cœur.

Une partie de ma famille passe en fin d'après-midi; je suis contente mais j'ai surtout envie de me retrouver seule pour me reposer et être au calme...

Le téléphone a sonné plusieurs fois dans l'après-midi, tant pis, j'ai laissé sonner, pas la force de répondre.

Je ne réponds qu'à deux appels en début de soirée, je me sentais un peu mieux.

Aux alentours de 18h, un kiné passe, pour m'aider à m'asseoir et à me lever...Je pensais en être incapable, mais finalement, j'étais contente (plus besoin de demander le bassin chaque fois que ma vessie me titille
razz).

J'ai passé ma nuit à aller faire pipi; j'ai dû me lever au moins quinze fois!

Alors curieuse comme je suis, j'en ai profité pour regarder dans le miroir ce qu'on avait fait sur mon bidon...j'ai été surprise de voir des pansements bien nets, bien propres qui ne saignent pas...je ne sais pas trop ce que j'ai pu m'imaginer. La seule chose qui m'a vraiment choquée: le drain, qui sort d'un de mes pansements! J'étais un peu horrifiée, ce truc est relié à un redon qui récupère toutes les saletés que rejettent mon corps...pas très glamour confused

J'attends le matin avec impatience, j'ai trop hâte qu'on me retire ma sonde; ça aussi m'a empêché de dormir, elle m'a blessé un peu le nez et la gorge.

1ère Journée Post-Op

1er octobre 2008

Je n'ai pas eu de mal à me réveiller, normal, je n'ai pas dormi!
Vers 7h, prise de la sat, la tension, la température...et prise de sang!

Les infirmières me mettent des anti-douleurs en intraveineuse, donc je n'ai pas de douleurs particulières. Les cicatrices tirent un peu, mais c'est supportable.

Une heure plus tard, le phlébologue passe pour me faire un echo-doppler, pour être sûr que je n'ai pas de phlébite: tout est OK.
Merci aux bas anti-thrombose! Il faut les garder autant que possible la journée, mais pas la nuit.

Je n'ai aucune sensation de faim, bien que ça fasse un peu bizarre de ne pas manger. Je ne dois rien absorber jusqu'à vendredi. Pas même la moindre goutte d'eau; le brumisateur est bien utile!

Dans l'après-midi, le chirurgien et l'anesthésiste m'ont envoyé une personne qui va subir aussi une sleeve dans quinze jours.
Très gentille, on a pas mal discuté; de la décision de se faire opérer, des conséquences sur notre santé, des réactions de nos entourages respectifs, de comment l'obésité a changé et pourri nos vies...

Sinon, rien de spécial à signaler, pareil pour la journée suivante à part peut-être un peu de fatigue. En plus, je commence à m'ennuyer un peu.
Heureusement que j'ai les visites de la famille et les coups de fil et message des amis pour tenir le coup; parce que la semaine est bien longue mine de rien!